Le thème de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) retenu est justifié par le fait que le commerce interrégional en Afrique ne représente que 13%, contre 55% en Asie et 70% en Europe, soutient la Secrétaire exécutive adjointe et économiste en chef de la CEA, Hanan Morsy. En outre, les perturbations observées dans les chaînes d’approvisionnement mondiales en raison de chocs mondiaux ont impacté les coûts, les flux commerciaux et l’efficacité. Dans un tel environnement, l’Afrique veut tirer parti de la ZLECAf pour pénétrer le segment des chaînes d’approvisionnement, en particulier. A condition de relever les défis liés aux réformes réglementaires nécessaires pour faire progresser la mise en œuvre de l’Accord sur les barrières non tarifaires, au coût élevé des activités commerciales, aux obstacles politiques et à la connectivité.
Un marché potentiel d’environ 1,3 milliard de consommateurs à capitaliser
Compte tenu de l’actualité sur la thématique de la ZLECAf, les décideurs politiques devront prendre en compte les facteurs qui changent la donne pour faire progresser la mise en œuvre de l’Accord de libre-échange, notamment le développement et l’avancement des systèmes de paiement transfrontaliers, le coût élevé du transport à travers le continent et l’utilisation de l’Accord de la ZLECAf pour faire progresser le développement des marchés de carbone. Et alors que l’Afrique est à l’aube de la quatrième révolution industrielle avec des défis liés à l’accès limité à Internet et aux mauvaises infrastructures, la COM2025 à Addis-Abeba est une occasion de réfléchir sur l’amélioration de l’accès aux services numériques et de combler le déficit de compétences et d’éducation. « L’une des choses que nous pouvons envisager d’intégrer lorsque nous parlons de la ZLECAf est la nécessité d’une intégration régionale pour résoudre la question de la sécurité alimentaire et de la transformation énergétique », avait indiqué Mme Morsy lors des travaux de Victoria Falls au Zimbabwe.
Initiative lancée en en 2018 par les pays africains, la ZLECAf est une opportunité à capitaliser, avec une zone de libre-échange visant à créer un marché continental unique avec une population d’environ 1,3 milliard d’habitants et un PIB combiné d’environ 3400 milliards de dollars US. L’accord entré en vigueur en 2019 a pour mandat d’éliminer les barrières commerciales et de rassembler les 55 Etats membres de l’Union africaine.
Les flux financiers illicites au cœur des échanges
Les questions liées à la fiscalité et aux flux financiers illicites seront également abordées. Les études de la CEA révèlent que les flux financiers illicites font perdre à l’Afrique environ 88,6 milliards de dollars par an, soit 3,7% de son produit intérieur brut. Ce qui dépasse de loin les flux financiers que l’Afrique reçoit chaque année au titre de l’aide publique au développement bilatérale nette des pays membres du Comité d’aide au développement (34 milliards de dollars) et au titre des investissements étrangers directs (54 milliards de dollars). De l’autre côté, la lutte contre les flux financiers illicites en Afrique pourrait à elle seule réduire de 33% le déficit de financement des objectifs de développement durable.
L’édition 2025 va réunir les ministres africains des finances, de la planification et du développement économique, les gouverneurs des banques centrales et les entités du système des Nations Unies. En outre, elle comprendra la participation d’institutions financières panafricaines, de représentants de la jeunesse, d’institutions universitaires et de recherche africaines, de partenaires de développement, d’organisations intergouvernementales et d’autres parties prenantes clés sur une base annuelle pour débattre et échanger des points de vue sur l’état du développement économique et social des pays africains.
Le calendrier prévoit qu’une réunion préparatoire du Comité d’experts de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique va se tenir à partir du 22 février 2025. Le segment ministériel de la Conférence se tient du 26 au 27 février 2025. La Conférence est une instance qui non seulement examine les questions statutaires relatives à la Commission, mais aussi une plateforme de dialogue et d’échanges de vues entre les ministres africains chargés des finances, de la planification et du développement économique et les gouverneurs des banques centrales sur des questions relatives au programme de développement de l’Afrique.